Portrait de Jacqueline Marval

Né à Corenc, tout près de Grenoble, Jules Flandrin
fait ses premières armes comme graveur avant
de s’installer à Paris en octobre 1893 pour
préparer son admission à l’École des beaux-arts.
Il entre en 1895 dans l’atelier de Gustave Moreau
où il fréquente la fine fleur artistique de ce qui
formera le groupe des Fauves : Matisse, Marquet
et Camoin… Cette même année, il rencontre
Marie Vallet, une jeune couturière grenobloise
qui prendra le nom de Jacqueline Marval lorsqu’elle
commencera à peindre vers 1900. Elle sera
sa compagne durant trente-cinq ans.
En 1902, il participe à une exposition de groupe
à la galerie Berthe Weil avec Matisse et Marquet,
et à partir de 1906 il entre à la galerie Druet
où ses oeuvres seront régulièrement présentées
jusqu’à la veille de la Seconde Guerre mondiale.
Néanmoins, dès 1930, il vivra majoritairement
à Grenoble et épousera en 1931 Henriette Deloras,
elle-même peintre.
Bien qu’en contact avec les milieux les plus
avant-gardistes du début du XXe siècle, Jules
Flandrin restera toujours fidèle aux formes
classiques de la peinture figurative et optera, à
partir des années 1910, pour un fauvisme assagi,
proche du style de Marquet et de Maurice Denis.
Il recevra auparavant l’influence de l’impressionnisme
et des Nabis qui lui donnera le goût
des jeux de lumière, des aplats colorés et de la
synthétisation des formes.
Ce beau portrait en buste de Jacqueline Marval
illustre bien les qualités du peintre. Son sens de
la couleur notamment qui le conduit à associer
avec subtilité tons chauds et froids pour faire
ressortir, tel qu’en un écrin, le fin visage de son
modèle à la carnation nacrée. La délicatesse
de sa touche aussi qui, à l’instar d’un pastelliste,
multiplie les nuances de couleurs pour
donner à cette figure une douce palpitation.
Il l’anime également par quelques rehauts plus
clairs comme autant d’éclats de lumière posés
sur son front, son nez, son épaule. Jacqueline
Marval apparaît ici tel un sphinx, à la fois
mystérieuse et déterminée. Son regard insaisissable
paraît fixer le spectateur sans le voir.
Et par cette distance créée, il semble que ce
soit moins la femme qui s’offre aux pinceaux
de son amant que l’artiste peintre qui le toise,
sûre de son talent, voire de sa supériorité.
[Cat. exp. Grenoble et ses artistes au XIXe siècle, musée de Grenoble, 2020]
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