Les Odalisques

Jacqueline MARVAL (Marie-Joséphine VALLET, dit)
1902 - 1903
196,5 x 230,7 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Don de Mme Pascal, soeur de l'artiste, en 1933

Voir sur navigart

Née à Quaix-en-Chartreuse, non loin de Grenoble, Marie Vallet, après une brève intrusion dans le monde de l’enseignement comme institutrice, puis dans celui de la couture – elle fut giletière – s’installe à Paris en 1895. Elle se lie à Jules Flandrin et apprend à peindre à ses côtés et dans l’environnement de ses amis Matisse, Marquet, Rouault…, tous logés dans le même immeuble. Elle commence à exposer autour de 1900 et prend comme pseudonyme Jacqueline Marval en assemblant les premières syllabes de son prénom et de son nom. En 1901, elle présente dix tableaux au Salon des indépendants, tous acquis par Ambroise Vollard, le célèbre marchand. Sa carrière est lancée. Avec Jules Flandrin, c’est elle qui introduira Andry-Farcy, le fameux conservateur du musée de Grenoble à partir de 1919, auprès de Picasso et de Matisse notamment, lui permettant ainsi d’obtenir de ces artistes des dons remarquables pour la collection d’art moderne naissante.
Autodidacte, Jacqueline Marval, s’est rapidement forgé un style, caractérisé par un dessin ample et souple, souvent allusif et ne s’embarrassant pas de détails, et un coloris qui ne sera jamais aussi virulent que celui des Fauves, préférant aux tons purs des accords plus nuancés, voire acidulés. Enfin ses sujets de prédilections vont vers l’univers féminin qu’elle aime mettre en scène, les enfants et les fleurs « qu’elle a toutes peintes ».
Les Odalisques, que l’artiste présente au Salon des indépendants en 1909, peuvent légitimement être considérées comme son chef-d’oeuvre. Elle le conservera toute sa vie et l’exposera régulièrement en s’attirant à chaque fois des critiques élogieuses. Composé de cinq figures féminines, reproduites grandeur nature, le tableau reprend le thème des femmes au bain qu’Ingres avait magnifié à partir de ses odalisques jusqu’au Bain turc, et dont les peintres orientalistes feront un passage obligé. Ce qui frappe néanmoins, dans l’approche de Jacqueline Marval, c’est son naturalisme associé à une forme de majesté classique. Les nus ici n’ont rien de flatteur ni d’aguicheur, mais apparaissent dans leur éclat marmoréen avec simplicité et naturel. Ils se déploient en frise sur l’ensemble du tableau dont le fond est animé par le drapé azur d’un rideau s’ouvrant sur un corridor adjacent. Assises à même le sol, à l’orientale, quatre femmes partagent une collation qu’une servante apporte sur un plateau. Toutes sont enturbannées et composent par leur beau hiératisme et leur regard fardé, une scène à la fois énigmatique et banale, réaliste et abstraite. Les harmonies colorées sont admirables, les jaunes et rouges répondant aux blancs et bleus dans un contrepoint parfois strident que de larges plages de lumière viennent adoucir.

Découvrez également...