Marine

Leon SPILLIAERT
1923
54,7 x 73,5 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Don de l'artiste en 1928
Localisation :
SA35 - Salle 35

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Comme Ensor et Permeke, Léon Spilliaert est né au bord de la mer du Nord. L’atmosphère particulière d’Ostende imprègnera toute l’oeuvre visionnaire de l’artiste, à jamais hanté par les ambiances nocturnes et oniriques du port. Très jeune, Spilliaert manifeste un talent prononcé pour le dessin. L’aquarelle, la gouache et le fusain resteront d’ailleurs ses techniques de prédilection. Grand lecteur, proche des symbolistes belges (Émile Verhaeren, Maurice Maeterlinck) et admirateur de l’oeuvre de Friedrich Nietzsche, il crée à partir de 1898 des compositions sombres aux figures énigmatiques qui rappellent l’Art nouveau. Après une courte mais peu concluante formation à l’Académie de Bruges, il s’installe à Bruxelles. L’éditeur Edmond Deman (1857-1918), collectionneur d’Odilon Redon, lui apporte son soutien et l’expose dans ses locaux. Introduit par Verhaeren dans les cercles littéraires et artistiques parisiens, Spilliaert fait la rencontre de Max Jacob et de Picasso mais également de Stefan Zweig. Puis, de 1917 à 1921 à Bruxelles, il expose aux côtés du cercle des expressionnistes belges constitué par Constant Permeke, James Ensor et Gustave de Smet. À Ostende, où il revient en 1922, l’univers portuaire ne cesse de l’inspirer. La mer a exercé sur Spilliaert une fascination sans bornes. Le bord de mer où il grandit est un sujet inépuisable pour l’artiste qui décline à l’envi, tout au long de sa vie, cabines de bain, baigneuses, digues et plages. Il sait leur conférer une aura mystérieuse grâce à des atmosphères sombres et des cadrages cinématographiques inédits. Avec une rare économie de moyens, il multiplie les marines. Celle de Grenoble est une composition d’une grande simplicité. Elle est à l’image du style de Spilliaert, qui se situe au confluent de la synthèse décorative des Nabis et de l’étrangeté surréaliste. Il émane de cette oeuvre une mélancolie bien particulière qui n’est pas sans évoquer les paysages désolés d’Edvard Munch, autre chantre de la mer du Nord. La ligne d’horizon est, comme dans la plupart de ses paysages, très haute ; l’eau occupe la quasi-totalité de la surface de la toile, suggérant par là l’immensité de la mer. Les lignes horizontales bistres, noires et bleues donnent, avec une sobriété extrême, la sensation d’infini. Paysage-état d’âme, Marine se situe aux confins de l’abstraction. L’oeuvre est entrée dans les collections à la suite de la grande exposition intitulée L’art belge, organisée en 1927 par Andry- Farcy, conservateur du musée qui souhaitait alors ouvrir les collections modernes de Grenoble aux écoles européennes.

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