Tête de pêcheur

[Cartels de l’exposition Hommage à Andry-Farcy. Un conservateur d'avant-garde 1919-1949, musée de Grenoble, 26 juin - 24 novembre 2019]
Formé dans les académies des beaux-arts de Bruges et de
Gand durant cinq années, Constant Permeke approfondit son
apprentissage en 1909 auprès des artistes qui vivent dans
le village de Laethem-Saint-Martin, berceau de l’art moderne
flamand. Il s’ouvre aux courants internationaux, en particulier
à l’expressionnisme dont il deviendra, aux côtés de Frits van
den Berghe et de Gustave De Smet, le principal représentant
en Belgique. La mer et la vie des pêcheurs d’Ostende occupent
alors une place centrale dans son oeuvre.
Reconnaissable à sa casquette, le personnage représenté dans
la Tête de pêcheur se distingue aussi par sa raideur et sa gravité.
Il incarne celui qui, jour après jour, livre un combat quotidien
avec la mer. Le caractère monumental donné au personnage
correspond à l’archétype du marin robuste et plein d’ardeur.
Sa tête semble être taillée dans une masse où les volumes et
les creux sont fortement marqués. Refusant tout accident ou
accessoire, c’est à travers la seule expressivité de cette tête de
pêcheur que Permeke parvient à exalter l’être humain.
"L’exposition L’Art belge en 1927"
« L’Art belge » est la première exposition temporaire d’envergure organisée par Andry-Farcy depuis son arrivée à la tête du musée huit ans plus tôt. Réalisée en partenariat avec l’Association de l’art belge pour la propagande à l’étranger, elle est née de l’envie du conservateur de présenter cette scène artistique peu inféodée aux tendances parisiennes de l’époque.
L’exposition fut conçue en deux temps afin de constituer le panorama le plus exhaustif possible de la création belge des années 1920. La première partie était dédiée à des artistes consacrés (James Ensor, Léon Spilliaert) et à un « modernisme sage », complétée par* La Chute d’Icare* de Bruegel l’Ancien, prêt exceptionnel des Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique. La seconde partie présentait quant à elle les expressions les plus neuves, divisées en quatre sections : « expressionnistes », « surréalistes », « jeune peinture », « plasticiens ». Regroupant des artistes aussi divers que Constantin Permeke ou René Magritte, cette seconde partie suscita de vives critiques de la part de la presse conservatrice. Pour La République de l’Isère : « C’est la laideur poussée à l’excès, le mépris de la forme humaine, le parti pris de l’incohérence, du burlesque, de l’incompréhension enfantine de l’art. », les œuvres étant qualifiées d’« éructations de cerveaux maladifs ».
À la suite de ce projet, Andry-Farcy favorisa le don de 31 œuvres sur les 74 exposées. Elles furent réunies dès 1928 dans une salle permanente dédiée à l’art moderne belge, la première en France comme en Belgique et jalon fondateur d’une « grande galerie internationale d’art moderne » voulue par le conservateur.
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