Le Cirque

Gustave DE SMET
1924
131,2 x 94 cm
Crédit photographique :
VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIX
Acquisition :
Don de Paul-Gustave et Norine Van Hecke en 1928
Localisation :
SA35 - Salle 35

Voir sur navigart

Avec son frère Léon, futur artiste lui aussi, Gustave de Smet apprend à peindre aux côtés de son père, entrepreneur en décoration pour chapiteaux et baraques foraines. Après ses études à l’Académie des beaux-arts de Gand, il peint d’après nature dans une veine impressionniste, puis sa fréquentation des artistes flamands, Permeke, Van den Berghe et Servaes, dans le village de Laethem-Saint- Martin, suivie de sa confrontation à l’art moderne aux Pays-Bas durant la guerre le conduisent à l’expressionnisme. De Smet adopte alors une palette sourde et privilégie les sujets populaires. Fondé davantage sur la réflexion que sur l’instinct, son langage pictural qui gagne en originalité au début des années 20 est qualifié d’« expressionnisme constructif ». Le choix d’un numéro d’acrobatie pour illustrer le thème du cirque ne doit rien au hasard. De façon très habile et paradoxale, l’artiste se sert de cette image pour mettre en évidence la composition parfaitement équilibrée et structurée de son tableau. Le clown et l’écuyère qui le surmonte occupent toute la hauteur de la toile, tandis que le corps du cheval la traverse de part en part dans le sens de la largeur. Le point de rencontre de ces deux axes s’opère au niveau de la tête du clown, vue de profil, tandis que son oeil regarde droit devant. Homme-orchestre, il dirige le spectacle et, d’un bras levé, en donne le rythme. Mais les personnages n’entrent pas en action, la pose remplace l’activité, la scène est figée dans le temps. Détachés du réel, absorbés en eux-mêmes, ils sont construits à partir de formes simples et stylisées qui rappellent celles des marionnettes. La couleur joue un rôle majeur quant à la dimension expressive de la scène et témoigne de la maîtrise de l’artiste dans ce domaine. La palette est composée d’une gamme sombre mais de grande intensité de ton. De subtiles nuances à base d’ocre, de brun, de gris et de rose, donnent naissance à des accords remarquables par leur force de rayonnement. Les taches criardes et les contrastes dissonants, souvent utilisés dans les représentations du cirque, sont volontairement écartés. Travaillés avec soin dans une matière généreuse, les multiples empâtements révèlent, eux aussi, la virtuosité du peintre.

Découvrez également...