Femme au peignoir rose

Membre fondateur du groupe des XX à Bruxelles en 1884, Theo van Rysselberghe est considéré comme l’un des principaux représentants de l’avant-garde belge, introduisant auprès de ses compatriotes les nouveautés qui bouleversent la scène artistique parisienne en cette fin de siècle. Si son style initial le rapproche de Manet et de Degas, il adopte l’esthétique néo-impressionniste après sa rencontre avec Seurat et Signac en 1888. Installé à Paris en 1898, il assouplit alors sa technique pointilliste un peu appliquée, élargissant ses touches en tesselles colorées et usant d’une palette aux tons plus saturés et violents, proche en cela des recherches de ses amis Signac et Cross. Ami intime de ce dernier, Van Rysselberghe séjourne très souvent au Lavandou, sur la côte méditerranéenne, où Cross réside, avant de s’installer définitivement en 1910 à proximité. Les paysages et les nus féminins se multiplient dans son œuvre comme les grandes peintures décoratives à plusieurs personnages en extérieur, traités dans une touche de plus en plus libre qui s’éloigne définitivement du néo-impressionnisme à partir de 1908. Ce tableau, Femme au peignoir rose, réalisé en 1910, par ses tonalités arbitraires de vert, de rose et de violet, doit beaucoup aux recherches de Matisse et de Marquet de la période fauve. Les traits de pinceau très libres, le jeu de hachures hâtivement brossées, le fond nu sur lequel se détache la silhouette donnent à cette œuvre le caractère d’une esquisse. Elle prépare en effet une figure de baigneuse dans un panneau décoratif intitulé Baigneuses à Cavalière, daté de la même année et destiné à orner l’hôtel particulier de Paul Nocard à Neuilly. Cette composition, proche des œuvres de Maurice Denis, ami de Van Rysselberghe, montre une scène d’Arcadie où des femmes nues, en communion avec la nature, se baignent au bord de l’eau. Le nu de Grenoble, sensuel et décoratif, permet à l’artiste d’expérimenter une grande liberté de tons et de facture qui n’apparaît plus guère dans la composition finale.
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