La Citadelle à Tanger
Originaire de Bordeaux, Albert Marquet est, comme ses amis Matisse, Camoin et Manguin, un élève de Gustave Moreau dont il fréquente l’atelier dès 1893. Fauve de la première heure aux côtés de Matisse, Marquet éclaircit assez rapidement sa palette, ne conservant du fauvisme qu’une audace de composition qui lui fait construire l’espace par le seul jeu de la couleur. Peignant souvent des lieux à différents moments de l’année et heures du jour, Marquet a une prédilection pour les paysages d’eau, ports de Naples, de Marseille, du Havre ou de Rotterdam, grouillants de bateaux, baie d’Alger, plage des Sables-d’Olonne ou encore rives de la Seine, teintant sa palette de tonalités sourdes pour mieux en capter l’atmosphère, nappée de vapeurs industrielles ou noyée de brume matinale. Le fleuve parisien, avec ses péniches, ses barques et ses chalands, ses ponts animés, sous la neige ou le soleil, est un de ses sujets de prédilection. Le voyage en Orient, qu’il effectue à plusieurs reprises en compagnie de Matisse et de Camoin ou d’autres amis, va offrir à sa palette un renouvellement spectaculaire, comme l’illustre La Citadelle à Tanger, peinte en 1913. Située sur les hauteurs de la ville, la casbah, dominant l’ancienne médina, est une citadelle construite à partir du XVe siècle à laquelle conduisent des rues tortueuses, bordées de bâtiments blanchis à la chaux. Dans un camaïeu de bleus s’éclaircissant à mesure que le soleil se projette sur la surface des murs, Marquet tente de capter cet éclat intense de la lumière méditerranéenne, aveuglante et crue. L’artiste privilégie l’ouverture des arches qui permet de cadrer une vue dont l’horizon est barré par un enchevêtrement d’édifices qui descendent par paliers vers la baie de Tanger. Seul un cerne bleuté délimite l’espace et les différents éléments de la composition. C’est lors d’un voyage en août 1913, alors que Matisse et Camoin, eux-mêmes présents à Tanger au début de l’année ont déjà regagné la capitale, que Marquet réalise cette œuvre. Cette ville que Matisse appelle «Tanger la bleue» dans une lettre adressée à son ami, sera traitée dans les mêmes tonalités de bleu violet réveillé de brun et de vert par Camoin dans son _Minaret à Tanger _, également conservé au musée et réalisé la même année.
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