(Sans titre)
Jan Erasmus Quellinus travaille principalement
dans la manière de son père Erasmus II.
Cependant, il s’en distingue par l’importance
donnée aux architectures visibles à l’arrière-
plan, tandis que les scènes historiques se
déroulent au premier plan, à la manière d’un
bas-relief. C’est sans doute la peinture vénitienne,
notamment celle de Véronèse, qui l’a
inspiré pour élaborer ce type de composition.
Quellinus est documenté à Venise et à Rome,
vers 1660 et 1661. Dans cette ville, l’association
des peintres néerlandais le baptise Sederboom,
c’est-à-dire « cèdre », surnom sans
doute donné en raison de sa minceur.
Le style graphique de Jan Erasmus est parfois
plus libre que celui de son père et il joue avec
les effets dramatiques créés par les rehauts de
blanc. Jean-Pierre de Bruyn a publié une Architecture
avec des personnages, jadis sur le marché
de l’art bruxellois, réalisée dans un style libre et
rapide, proche de celui du dessin de Grenoble[1].
Les figures de Jan Erasmus sont monumentales
et forment parfois des groupes très compacts,
comme le montre La Descente de Croix du cabinet
d’art graphique de Budapest (Inv. 1567).
La scène représentée ici, le sacrifice de Phrixos
et de Hellé, enfants d’Athamas, roi de Béotie
et de la nymphe Néphélé[2], est rare. Sous l’influence de la seconde épouse du roi Ino,
les deux enfants doivent être immolés pour
mettre fin à une famine qui ravage le pays.
Phrixos et Hellé supplient Jupiter de leur
venir en aide et ce dernier envoie son bélier à
la toison d’or. Leur mère, Néphélé, est également
présente sous la forme d’un nuage. Cette
histoire, relatée dans la Bibliothèque d’Apollodore,
se situe au début de l’histoire des Argonautes
qui tenteront plus tard de s’emparer de
cette toison. S’agit-il d’un dessin préparatoire
pour un cycle dédié à cette aventure qui mobilise
de nombreux héros grecs ?
Les figures massives, les éléments architecturaux,
récurrents chez Quellinus, et surtout
cette grande spontanéité de la touche et l’utilisation
de larges plages de lavis sont caractéristiques
du style de l’artiste. De retour dans
les Flandres, Jan Erasmus épouse une fille
de David Teniers et travaille plus tard pour
la cour des empereurs Léopold Ier à Vienne.
Malgré cette charge lucrative, Quellinus, qui
semble avoir connu des problèmes financiers,
est contraint de se retirer à la fin de sa vie chez
l’une de ses filles.
[1] De Bruyn, 1991, p. 158, repr.
[2] Nous remercions Frédérique Lanoë d’avoir identifié le sujet.
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