Portrait de Marie-Joséphine Achard

François-Louis FRANÇAIS
1865
27,2 x 23,9 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Legs de Hélène Bourgeois en 2012

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Paysagiste passionné, fréquentant Barbizon en compagnie de Dupré, Caruelle d’Aligny, Rousseau et surtout Corot dont il devient l’élève et l’ami pendant plus de trente ans, Louis Français exécute aussi une centaine de portraits. Lorsqu’il réalise les effigies de ses amis peintres, il les installe devant leurs chevalets, au cœur de la nature. Ses autoportraits, qu’il multiplie tout au long de sa vie, sont aussi bien peints que dessinés. Mais les portraits les plus nombreux sont ceux des membres de sa famille, qu’il exécute soit au fusain, soit aux trois crayons, dans une veine très proche de ce Portrait de Marie-Joséphine Achard. L’intimité qui se dégage de ce portrait, croqué sur le vif comme ceux de ses proches, sans le caractère officiel d’une commande, s’explique par la relation que le peintre entretient avec le modèle, Marie-Joséphine, fille naturelle de son ami le peintre dauphinois Jean Alexis Achard. Les deux artistes se rencontrent en 1853. Ensemble, ils découvrent le petit village de Cernay, en forêt de Rambouillet et pendant plus de vingt ans, côte à côte, peignent le pittoresque primitif de ce site, avec ses cascades, ses ruisseaux, ses étangs et ses vallons, moins fréquentés que la forêt de Fontainebleau. Les fiançailles de Louis Français et Marie-Joséphine, de trente ans sa cadette, durent longtemps et se terminent par une rupture, l’artiste pensant que la vie maritale est incompatible avec celle d’un peintre paysagiste souvent en voyage. On avance aussi que la jeune femme ne voulait pas se séparer de sa mère. Le Portrait de Marie-Joséphine, exécuté vraisemblablement au moment de leurs fiançailles, alors qu’elle est âgée de vingt-huit ans, est resté dans la famille jusqu’en 2012 ainsi que la bague offerte par l’artiste. Français croque sa fiancée de profil, sagement occupée à lire, et vêtue sobrement d’un boléro en taffetas de soie noire, à la mode espagnole, orné à la taille et sur la poitrine d’une mousse de passementerie. Elle porte un chemisier blanc à col rabattu sur lequel se détache une cravate sombre. Ses cheveux sont maintenus par une résille et un modeste bijou, une fine boucle d’oreille, vient ajouter une note de coquetterie à cette mise sévère. Le traitement précis du visage et du haut du corps contraste avec le non-fini des mains, de la jupe et de la table. Cet accent mis sur les traits au détriment du décor se retrouve dans deux autres portraits réalisés au fusain ou au trois crayons par l’artiste : son Autoportrait de 1844 et le Portrait de sa sœur de 1894. Chef-d’œuvre d’élégance et de finesse, ce portrait vient rendre hommage, dans la collection, à la fille d’Achard, donatrice de plusieurs œuvres de son père entre 1884 et 1909.

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