La Trinité

Theodoor van Thulden est un artiste flamand dont l’activité débute pourtant à Paris entre 1632 et 1634. À partir de 1635, il travaille aux côtés de Rubens à Anvers puis poursuit sa carrière à Bois-le-Duc, dans les Provinces-Unies. Il y restera jusqu’à sa mort, ce qui ne l’empêche nullement d’honorer des commandes venues des Pays- Bas espagnols ou de France. Ses relations à Paris avec l’ordre des Mathurins, appelés aussi Trinitaires, nouées lors de son séjour dans la capitale, lui valent en particulier la commande de cet important tableau en 1647. Cette œuvre était en effet destinée à prendre place au centre de l’autel majeur de l’église du couvent, situé rue Saint-Jacques. Dans cette Sainte Trinité, à laquelle l’église était dédiée, on peut voir le Fils et le Père, assis de part et d’autre de la sphère céleste soutenue par une ronde d’angelots. La colombe du Saint-Esprit vient prendre place entre les deux figures et répandre sa divine lumière sur l’ensemble de la scène. Probablement peinte à Bois-le-Duc et transportée à Paris, cette toile emprunte sa composition à une Sainte Trinité avec saint Paul et saint Jean réalisée par Rubens en 1616-1617 et conservée à Weimar. L’artiste n’en fait pourtant pas une copie intégrale ; la ronde des angelots tout comme le geste du Christ montrant la plaie de son flanc sont des ajouts de Van Thulden qui donnent à l’ensemble une tonalité plus tendre et plus retenue que dans son illustre modèle rubénien. Le coloris plus froid, les draperies moins enlevées, viennent tempérer ici la fougue baroque de Rubens et répondre au goût du public parisien. En effet, l’art tourbillonnant et sensuel qui fleurit en Flandres ou en Italie ne prend guère en France où la réforme catholique est à la fois plus tardive et plus mesurée dans son expression. Saisie à la Révolution, cette œuvre vient rejoindre en 1799 les cimaises du musée de Grenoble, créé l’année précédente.