National #1

Robert RYMAN
1976
90,8 x 86,4 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Achat en 2011, avec la participation du FRAM
Localisation :
SA43 - Salle 43

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Robert Ryman commence à peindre en 1953, à l’âge de 23 ans. Très tôt, il met en place les bases de sa recherche qui porte essentiellement sur la peinture et ses différents éléments constitutifs. Les principales caractéristiques de son langage sont des formats toujours proches du carré, une attention poussée à l’extrême à tous les détails du tableau – de la nature du support à la signature, en passant par le système d’accrochage –, et enfin la couleur, qui se résumera rapidement au seul blanc. Au début des années 60, Ryman est associé au courant du minimalisme.
National #1 est une œuvre en tout point exemplaire de l’art de Ryman. D’un format presque carré, réalisée sur une plaque d’Acrylivin, une matière plastique semblable au plexiglas mais opaque et ici teintée en noir, sa surface est entièrement peinte de blanc. Elle est fixée au mur par quatre attaches métalliques. L’étude des modes d’accrochage, si elle n’est pas nouvelle dans sa démarche, prend en 1976 une importance particulière et donne lieu à toutes sortes de variations. De fait, pour National #1, les attaches apparaissent à la fois comme une mise en exergue du tableau dans l’espace et une mise en relation de celui-ci avec la surface du mur, l’œuvre semblant pouvoir se prolonger au-delà de son périmètre. La tranche du panneau, de couleur noire, agit aussi par réflexion sur le mur, créant une sorte d’aura légèrement grise sur le pourtour de l’œuvre. Ainsi le tableau paraît-il presque flotter à la surface du mur, « arrimé » à ce dernier par le seul pouvoir des quatre attaches. Néanmoins, ce sentiment d’être face à un objet mouvant, telle une apparition, est d’abord créé par la présence/absence de la couleur. Un sentiment particulièrement renforcé ici par une manière de peindre qui ne laisse rien transparaître du travail du peintre : pas d’effet de touche mais une surface régulière, homogène. L’attention se concentre donc sur les infimes changements qui se produisent dans la matière – sa densité, sa tactilité – au gré de l’orientation de la lumière. L’observation méticuleuse à laquelle invite le tableau entraîne le spectateur vers une véritable découverte de ce qu’est la peinture et de quoi elle est faite. Elle le conduit à une méditation sur le visible et les conditions de sa perception, et de là sur son caractère inépuisable.

Un autre regard

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