National #1

Robert Ryman commence à peindre en 1953, à
l’âge de 23 ans. Très tôt, il met en place les bases
de sa recherche qui porte essentiellement sur la
peinture et ses différents éléments constitutifs.
Les principales caractéristiques de son langage
sont des formats toujours proches du carré,
une attention poussée à l’extrême à tous les
détails du tableau – de la nature du support
à la signature, en passant par le système
d’accrochage –, et enfin la couleur, qui se
résumera rapidement au seul blanc. Au début
des années 60, Ryman est associé au courant du
minimalisme.
National #1 est une œuvre en tout point exemplaire
de l’art de Ryman. D’un format presque carré,
réalisée sur une plaque d’Acrylivin, une matière
plastique semblable au plexiglas mais opaque
et ici teintée en noir, sa surface est entièrement
peinte de blanc. Elle est fixée au mur par quatre
attaches métalliques. L’étude des modes
d’accrochage, si elle n’est pas nouvelle dans
sa démarche, prend en 1976 une importance
particulière et donne lieu à toutes sortes de
variations. De fait, pour National #1, les attaches
apparaissent à la fois comme une mise en
exergue du tableau dans l’espace et une mise
en relation de celui-ci avec la surface du mur,
l’œuvre semblant pouvoir se prolonger au-delà
de son périmètre. La tranche du panneau, de
couleur noire, agit aussi par réflexion sur le mur,
créant une sorte d’aura légèrement grise sur le
pourtour de l’œuvre. Ainsi le tableau paraît-il
presque flotter à la surface du mur, « arrimé » à ce
dernier par le seul pouvoir des quatre attaches.
Néanmoins, ce sentiment d’être face à un objet
mouvant, telle une apparition, est d’abord
créé par la présence/absence de la couleur. Un
sentiment particulièrement renforcé ici par une
manière de peindre qui ne laisse rien transparaître
du travail du peintre : pas d’effet de touche mais
une surface régulière, homogène. L’attention se
concentre donc sur les infimes changements qui
se produisent dans la matière – sa densité, sa
tactilité – au gré de l’orientation de la lumière.
L’observation méticuleuse à laquelle invite le
tableau entraîne le spectateur vers une véritable
découverte de ce qu’est la peinture et de quoi
elle est faite. Elle le conduit à une méditation sur
le visible et les conditions de sa perception, et de
là sur son caractère inépuisable.
Un autre regard
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Peinture abstraite, deuxième moitié du XXe siècle
Après 1945, l’expression abstraite change radicalement d’aspects et d’intentions.