Autoportrait (?)

Retrouvées parmi les dessins « vrac » ces deux feuilles, manifestement de la même main sont préparatoires à un autoportrait d’artiste, présenté ici d’une part avec les attributs du dessin et de l’autre avec ceux de la peinture. Mehdi Korchane[1] a judicieusement rapproché ces œuvres avec deux autoportraits de François-Guillaume Ménageot, conservés au musée Fabre à Montpellier[2] et au musée des Offices à Florence[3] . Sans être directement en rapport avec ces tableaux, nos études présentent de nombreuses similitudes dans la mise en page et les habits qu’y porte le peintre. Proches des portraits de la fin du XVIIIe siècle, annonçant les petits tableaux de Boilly, ces deux dessins peuvent être tout à fait contemporains des tableaux de Ménageot, réalisés en 1797, lors du séjour florentin de l’artiste.
Formé par Jean-Baptiste Deshays et François Boucher, Ménageot est rapidement influencé par l’esthétique « à l’antique », défendue par Vien (MG D 192), qui enseignait à l’Académie depuis 1759. Lauréat du Grand Prix en 1766, pensionnaire à l’Académie de France à Rome de 1769 à 1774 sous la direction de Natoire, le peintre est agréé à l’Académie en 1777 et reçu trois ans plus tard. Régulièrement présent au Salon, Ménageot remporte un grand succès avec des compositions historiques ou religieuses, où le nouveau goût antique est pondéré par un grand raffinement pictural hérité de ses maîtres. Son style clair, limpide et équilibré, tend vers une plus grande monumentalité dans les années 1780 et devient plus linéaire. Par bien des aspects, son art peut être comparé à celui de certains de ses contemporains comme Regnault (MG D 1160).
En 1978, dans le catalogue raisonné des œuvres de Ménageot, Nicole Willk-Brocard recensait 152 dessins de l’artiste, auxquels se sont ajoutées par la suite neuf nouvelles feuilles[4] . Ce corpus, malgré sa relative importance numérique, ne donne encore qu’une vision partielle de l'œuvre du dessinateur. Il faut en effet considérer que 79 de ces dessins, conservés au musée Atger à Montpellier, sont des caricatures et 49 autres, au musée de L’Opéra à Paris, des projets de costumes. Répondant à des normes particulières, ces œuvres ne nous renseignent que très peu sur la méthode du dessinateur en tant que peintre d’histoire et encore moins sur son activité de portraitiste très restreinte.
Pour ces raisons, et malgré l’absence d’œuvre de technique similaire et d’attribution certaine, nous avons conservé l’attribution à Ménageot à titre d’hypothèse de travail, avec l’accord de Nicole Willk-Brocard.
Un autre dessin grenoblois peut être rapproché du catalogue de notre artiste : il représente Minerve et Apollon [5] et porte une annotation avec le nom de notre artiste. Sa technique, le trait nerveux des contours, sont proches de plusieurs feuilles publiées par Nicole Willk-Brocard[6] .
[1] Communication orale 2009.
[2] H/T, Inv. 62.1.
[3] H/T, (voir Willk-Brocard, 1976, n° 30, fig. 51).
[4] Willk-Borcard, 2003.
[5] Fiche n° 253. Plume, encre brune et lavis brun. H. 23.2 ; L. 18. Inscription "Ménageot" ?.
[6] Voir, par exemple, le Mariage de l’Amour et de Psyché, Paris, Louvre (Willk-Brocard, 1976, fig. 141) et le Départ d’un jeune prince, coll. part (Willk-Brocard, 2003, fig. 7, p. 374).
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