Allégorie de la Vanité

Jürgen OVENS
XVIIe siècle
117 x 97 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Achat à M. Badon entre 1824 et 1830
Localisation :
SA06 - Salle 06

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Dès le XVe siècle, les peintres ont traduit la réflexion métaphysique ou religieuse sur la vanité des biens de ce monde par la représentation de saints accompagnés d’objets symboliques. Dans les milieux dominés par la Réforme, la figure du saint s’est progressivement effacée pour laisser les objets seuls. Une autre formule est adoptée ici par Jürgen Ovens, qui conjugue à la fois portrait et nature morte, dans la lignée du « tableau philosophique » à la manière de Rembrandt, où la figure d’un savant dans son cabinet médite sur la destinée humaine. Né en Allemagne, Ovens séjourne plus de dix ans à Amsterdam où il compte parmi les nombreux élèves de Rembrandt. Son style, qui doit également aux écoles de Rubens et de Van Dyck, le consacrera comme peintre de cour du duché de Gottorf, en Allemagne, et portraitiste de la noblesse d’Amsterdam. La figure féminine de l’Allégorie de la Vanité, assise sous un rideau, évoque un portrait d’apparat dont le modèle demeure inconnu. Parée de bijoux, coiffée d’une toque noire ornée d’une longue plume blanche argentée et vêtue d’une robe jaune et d’une cape lamée d’or retenue sur la poitrine par une longue agrafe, elle semble consciente de sa richesse et de sa beauté mais tient son miroir à distance. L’éloignement de cet objet ovidien, symbole d’orgueil, traduit la lucidité du personnage sur la nécessité du détachement. Métaphore du miroir obscur utilisé par saint Paul dans l’Épître aux Corinthiens, le miroir peint par Ovens ne reflète rien du modèle ni du décor mais renvoie aux ténèbres et exhorte à la sagesse et à l’humilité. Les objets posés sur la table participent au message moral du tableau. Le luth retourné évoque la vanité des plaisirs sensuels, la mappemonde celle du savoir et des conquêtes. Quant aux pièces d’orfèvrerie, coupe renversée, hanap doré finement ciselé, leur dimension décorative exacerbée par la virtuosité du peintre semble faire oublier l’intention initiale de mise en garde. Proche du modèle rembranesque par l’harmonie des tons jaune et vert profond rehaussés de rouge, cette Allégorie l’est aussi par l’éclairage qui concentre l’attention sur le regard énigmatique du personnage.

Un autre regard

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