Yellow wallpiece

Transfert de propriété au Musée de Grenoble en 2008.
Donald Judd, l’un des principaux représentants
de l’art minimal, se fait d’abord connaître comme
critique d’art. Un de ses textes fondateurs,
« Specific Objects _» (1965), rassemble les
principes esthétiques, déjà exprimés en 1962 et
1963, qui constituent le programme de toute sa
production à venir. Dès 1962, il crée des œuvres
tridimensionnelles qui s’inscrivent dans l’espace
réel : ni sculpture, ni peinture, mais « objets
spécifiques ». L’artiste explique : « L’œuvre est
une chose en elle-même. […] Cela ne traite
pas de quoi que ce soit d’extérieur ; cela traite
de soi et de ses propres qualités. » Les objets
réalisés par Judd reposent sur la grammaire
élémentaire de l’art minimal, qui exclut toute
subjectivité : matériaux neutres, industriels
(contreplaqué, aluminium, plexiglas, etc.),
facture impersonnelle, volumes géométriques
simples, composition à partir d’un système
modulaire.
_Yellow Wallpiece, pièce murale composée de
quatre éléments carrés eux-mêmes disposés
dans l’espace d’un carré, est caractéristique
du travail de l’artiste sur des volumes
parallélépipédiques évoquant plus un objet
utilitaire, caisson ou boîte, qu’une sculpture.
Leur « spécificité » invite le spectateur à éprouver
chacune des qualités qui les composent : matité
du bois, brillance du plexiglas dont le jaune
vient se superposer à la couleur du bois, jeux
d’ombre et de lumière, rapport intérieur-extérieur.
Si chaque caisson a sa propre
autonomie, la répartition de cloisons internes
selon une progression mathématique crée un
rythme et confère une unité à l’ensemble. En
dirigeant l’attention du spectateur vers les
qualités sensibles de l’œuvre, Judd l’invite
à percevoir les relations entre les différents
éléments (notions de sérialité, de variations,
de combinatoire) ainsi qu’entre l’œuvre et lui-même.
« Mon travail […] est à tort considéré
comme “objectif et impersonnel”, parce que je
m’intéresse d’abord et surtout à la relation que
je peux avoir avec le monde de la nature, tout
entier et sous toutes ses formes. Cet intérêt – un
intérêt profond – inclut aussi bien ma propre
existence que l’existence de chaque chose, et
aussi l’espace et le temps qui sont créés par les
choses qui existent. L’art imite cette création,
cette façon de définir les choses, en créant lui
aussi, sur une moindre échelle, l’espace et le
temps. »
Découvrez également...
-
Apothéose de Marat
1951 -
-
Buste d'empereur romain
XVIe siècle