Sainte Famille

Auteur des Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes (1550), fondateur à Florence de la Galerie des Offices et de l’Académie des arts du dessin (1563), Giorgio Vasari est souvent considéré comme le premier historien d’art des temps modernes. Ses débuts prometteurs dans la ville d’Arezzo auprès du maître verrier Guillaume de Marcillat et de l’humaniste Giovan Pollio Lappoli en font d’emblée un illustre lettré. Introduit très jeune à Florence à la cour des Médicis, il fréquente les ateliers de Michel- Ange et d’Andrea del Sarto. C’est là, en 1524, que commence sa carrière sous les auspices du maniérisme. Suivant Hippolyte de Médicis devenu cardinal à Rome, Vasari se forge un style fluide et coloré en copiant les œuvres des plus célèbres artistes de la Renaissance. Parfaitement introduit auprès des papes et des princes, de Florence à Rome et de Naples à Venise, Vasari, artiste de cour, travaille toute sa vie pour les plus grands. Le cardinal Alexandre Farnèse, Cosme Ier de Médicis ou Jules III lui confient des programmes d’importance. Le retable de L’Immaculée Conception (Santi Apostoli, Florence) de 1541 est son premier succès. Cela étant, au moment de réaliser la Sainte Famille, vers 1544, Vasari est encore astreint à satisfaire des commandes provinciales. Il multiplie alors les tableaux de dévotion privée et se livre à de multiples interprétations de ce motif où Jésus est souvent accompagné de saint Jean- Baptiste enfant. Dans les Vies, Vasari invitait à copier les maîtres anciens. Les emprunts à Michel-Ange (monumentalité de la Vierge), à Andrea del Sarto (pose serpentine et peu conventionnelle de l’Enfant Jésus) ainsi qu’à Raphaël (symétrie et composition pyramidale) sont ici particulièrement éloquents. L’inventivité et la grâce sont servies par l’ampleur des drapés, la plasticité des corps, la faible profondeur de champ, les jeux de contrapposto et les couleurs acides. Avec cette œuvre, Vasari, en véritable historien des styles, met au jour les qualités d’imagination qui sont, selon ses termes, l’apanage de la bella maniera ou maniérisme, le style des artistes de son temps.