Configuration
Transfert de propriété au Musée de Grenoble en 2008.
Salué dans les années 60 en tant qu’artiste figuratif par la nouvelle génération des peintres de la Figuration narrative comme Gilles Aillaud ou Eduardo Arroyo, Jean Hélion a toutefois été l’un des représentants majeurs de l’abstraction française au début des années 30. Installé en 1921 à Paris, Hélion apprend la peinture en autodidacte. En 1927, il est accueilli dans l’atelier de Joachín Torres-García, découvre Léger et surtout l’abstraction radicale de Mondrian. Dès 1929, il expose ses premières œuvres abstraites et, aspirant à un art universel régi par les pures lois de l’esprit, il adopte les principes du néoplasticisme et signe avec Théo van Doesburg le Manifeste de l’art concret en 1930. Hélion demeure cependant un artiste libre et ses tableaux donnent une interprétation très personnelle du dogme néoplastique (Composition de 1932, conservée au musée, en offre un bel exemple). En 1932, Hélion participe avec Auguste Herbin et Georges Vantongerloo à la fondation du groupe Abstraction-Création qui élargit la définition de l’art abstrait à tous les courants non figuratifs. Il s’intéresse désormais au mouvement (séries des Tensions, puis des Équilibres), aux formes organiques et, dans une sorte d’évolution à rebours, il abandonne définitivement l’abstraction en 1939 et réintroduit la figure dans ses tableaux. Réalisée en 1937, Configuration appartient à cette période charnière entre abstraction et figuration où l’espace se creuse, le modelé réapparaît et les formes s’imbriquent les unes dans les autres. S’ébauche ici une silhouette dont on perçoit la tête, le cou, le buste, les bras et les mains, très schématisés. Elle se détache sur un espace gris dans lequel deux objets semblent flotter : une sphère noire et, au-dessus, un objet énigmatique annonçant les chapeaux qui deviendront l’un des motifs récurrents de la peinture d’Hélion. Le peintre expliquera l’étonnant revirement de son œuvre en ces termes : « De 1936 à 1939, j’ai essayé de contraindre ces compositions abstraites, et les éléments qui les formaient, à se charger de la qualité des figures du monde que j’avais toujours ambitionné de peindre. Une sphère devait maintenant resignifier une tête ; un cylindre resignifier un bras ; un rectangle rebâtir un mur ; une transparence refaire de l’eau. Si bien que je me suis retrouvé, fin 1938 et en 1939, face à des éléments dont l’abstraction éclatait partout : où l’image du monde bourgeonnait sourdement. »