Prédication de saint Pierre aux Romains

Établi à Rome à partir de 1715, Pannini découvre les ruines de l’Antiquité et devient l’illustrateur infatigable des sites antiques et de la vie romaine. Il se spécialise dans la représentation de caprices architecturaux, rassemblant différents monuments de la ville, dans la description de fêtes et de cérémonies contemporaines et, enfin, il reproduit avec une grande précision des galeries de tableaux réelles ou imaginaires. Les scènes qu’il dépeint, inventées ou prises sur le vif, sont de véritables « tranches de vie » découpées dans le décor ancien et moderne de la Rome du XVIIIe siècle. Assemblés arbitrairement, ces différents éléments constituent des sommes archéologiques d’une grande qualité à l’usage d’un public érudit. Associant les prédications des apôtres Paul et Pierre à des paysages enrichis de ruines historiques, les deux tableaux du musée de Grenoble sont conçus comme des pendants. Dans la Prédication de saint Pierre, les voûtes de la basilique de Maxence occupent l’arrière-plan sur la droite tandis que des personnages disposés autour de saint Pierre animent le devant de la composition, entre un grand vase sculpté de ménades en folie et un fût de colonne encore posé sur sa base. Parmi eux un jeune homme debout près d’un cheval, apparemment à l’écoute du discours de l’apôtre, se révèle être un fragment de pierre, sorte de trompe-l’œil que le peintre a savamment intégré à la scène. Ces motifs de bas-relief présentant des personnages sculptés, très semblables dans leurs proportions et leurs attitudes aux acteurs vivants qui les entourent, ont été fréquemment utilisés par Pannini ; ils attestent de son exceptionnel talent de scénographe. Les couleurs vives et chatoyantes, les nombreuses touches de lumière dispersées et la précision de la description font de cette œuvre une brillante démonstration des capacités d’invention d’un peintre dont la renommée a franchi les frontières de son Italie natale.