Brûle-parfum
diamètre: 30,5 cm
12,5 × 30,5 cm
Grès à couverte céladon
avec bordure en métal
Don de Léon de Beylié en 1904
MG 2007-0-164
Ce brûle-parfum est l’une des plus étranges pièces des
collections d’Extrême-Orient du musée de Grenoble. Grès
à couverte céladon, la structure de récipient est en métal.
Une ancienne étiquette collée sur le fond extérieur de
l’objet indique qu’il s’agit d’un produit de Longquan, four
renommé pour ses céladons de haute qualité. Le grès à
couverte céladon est très apprécié en Chine comme en
Corée ou au Japon pour sa couleur subtile de jade, vert
pâle bleuté. Les Chinois considèrent le jade comme la
pureté absolue. Il est donc précieux pour cela mais aussi
parce qu’il porte bonheur. Seules les classes privilégiées,
le roi, la noblesse, peuvent porter le jade. En Chine
ancienne, tous les récipients pour les cérémonies étaient
faits en jade. A partir du Xe siècle, la technique de céladon
arrive à produire la couleur verte pale transparente et
élégante de jade. L’avantage de la céramique en céladon
est sa facilité de production, évidemment moins coûteuse
que la récolte et le traitement du jade. C’est ainsi
que de nombreux brûle-parfums sont fabriqués en grès
à couverte céladon.
Utilisé depuis l’Antiquité, le brûle-parfum a plusieurs
fonctions : la diffusion du parfum permet de communiquer
avec le Bouddha ou avec l’esprit des ancêtres, il sert
aussi pour purifier l’atmosphère avant une cérémonie.
Les premiers brûle-parfums sont plutôt de grande
dimension. À l’époque de Yuan (1279-1368), les potiers de
Longquan fabriquent généralement de grosses pièces
en céladon comme le brûle-parfum de Grenoble. Ce
dernier est aussi grand qu’un bassin à eau. Ses trois
petits pieds ont été ajoutés après la cuisson et collés
avec de la couverte : c’est une technique très courante
pour les grands objets de Longquan. De fait, tous les
éléments de ce brûle-parfum font penser qu’il s’agit d’une
production de Longquan. Toutefois, une observation plus
précise nous conduit à une autre conclusion : ainsi, sa
couleur est plus sombre et grossière que la couleur du
céladon de Longquan. Cela nous pousse à voir dans cet
objet une production du Guangdong, une région du Sud
de la Chine où l’on fabriquait des pièces pour l’exportation,
dont notamment des grès à couverte céladon depuis
l’époque des Song. Bien qu’il n’atteigne pas l’élégance et la
pureté des céladons anciens de Longquan, le brûle-parfum
de Grenoble est une très belle pièce par sa forme équilibrée
et la mobilité de sa couleur. La qualité de ce céladon
témoigne également du haut niveau de qualité des
productions du Guangdong aux XVe et XVIe siècles.
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