Brûle-parfum

Asie, Chine, Guangdong, Fours de Guangzhou
fin XVe siècle - XVIe siècle
hauteur: 12,5 cm
diamètre: 30,5 cm
Crédit photographique :
VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIX
Acquisition :
Don de Léon de Beylié en 1905

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12,5 × 30,5 cm
Grès à couverte céladon avec bordure en métal
Don de Léon de Beylié en 1904
MG 2007-0-164

Ce brûle-parfum est l’une des plus étranges pièces des collections d’Extrême-Orient du musée de Grenoble. Grès à couverte céladon, la structure de récipient est en métal. Une ancienne étiquette collée sur le fond extérieur de l’objet indique qu’il s’agit d’un produit de Longquan, four renommé pour ses céladons de haute qualité. Le grès à couverte céladon est très apprécié en Chine comme en Corée ou au Japon pour sa couleur subtile de jade, vert pâle bleuté. Les Chinois considèrent le jade comme la pureté absolue. Il est donc précieux pour cela mais aussi parce qu’il porte bonheur. Seules les classes privilégiées, le roi, la noblesse, peuvent porter le jade. En Chine ancienne, tous les récipients pour les cérémonies étaient faits en jade. A partir du Xe siècle, la technique de céladon arrive à produire la couleur verte pale transparente et élégante de jade. L’avantage de la céramique en céladon est sa facilité de production, évidemment moins coûteuse que la récolte et le traitement du jade. C’est ainsi que de nombreux brûle-parfums sont fabriqués en grès à couverte céladon.
Utilisé depuis l’Antiquité, le brûle-parfum a plusieurs fonctions : la diffusion du parfum permet de communiquer avec le Bouddha ou avec l’esprit des ancêtres, il sert aussi pour purifier l’atmosphère avant une cérémonie. Les premiers brûle-parfums sont plutôt de grande dimension. À l’époque de Yuan (1279-1368), les potiers de Longquan fabriquent généralement de grosses pièces en céladon comme le brûle-parfum de Grenoble. Ce dernier est aussi grand qu’un bassin à eau. Ses trois petits pieds ont été ajoutés après la cuisson et collés avec de la couverte : c’est une technique très courante pour les grands objets de Longquan. De fait, tous les éléments de ce brûle-parfum font penser qu’il s’agit d’une production de Longquan. Toutefois, une observation plus précise nous conduit à une autre conclusion : ainsi, sa couleur est plus sombre et grossière que la couleur du céladon de Longquan. Cela nous pousse à voir dans cet objet une production du Guangdong, une région du Sud de la Chine où l’on fabriquait des pièces pour l’exportation, dont notamment des grès à couverte céladon depuis l’époque des Song. Bien qu’il n’atteigne pas l’élégance et la pureté des céladons anciens de Longquan, le brûle-parfum de Grenoble est une très belle pièce par sa forme équilibrée et la mobilité de sa couleur. La qualité de ce céladon témoigne également du haut niveau de qualité des productions du Guangdong aux XVe et XVIe siècles.

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