Brûle parfum, tripode à anses

BRÛLE-PARFUM DE TYPE DING
Chine, dynastie Qing
(1644-1911)
période de Guangxu
(1875-1908)
Émaux cloisonnés sur cuivre
48 × 35 × 26 cm
MG 2007-0-379
La technique des émaux cloisonnés fait son apparition en
Chine à partir du XIVe siècle, pendant la dynastie mongole
des Yuan (1279-1368), sans que l’on sache avec précision
comment cette technique s’est implantée et développée.
L’hypothèse la plus probable est que la diffusion se soit
faite depuis Byzance via le Moyen-Orient.
À la fin de la dernière dynastie impériale, celle des Qing
(1644-1911), les émaux cloisonnés chinois apparaissent pourtant,
pour les Occidentaux visitant la Chine ou fréquentant
les marchands de curiosités ou les expositions universelles[1],
comme faisant partie des productions chinoises au même
titre que la porcelaine, les laques ou les jades. Le général de
Beylié, lors de son périple en Chine et au Japon en 1886, visite
Pékin. Il raconte la visite qu’il fait d’une manufacture de cloisonnés
de la capitale chinoise, grâce à laquelle il comprend la
raison du coût de tels objets tant les étapes de fabrication
sont complexes, minutieuses et nombreuses[2].
Cet objet tripode muni de deux anses appelé ding est
l’une des formes issues des bronzes archaïques de la dynastie
des Shang (v. 1500-1050 av. notre ère) la plus courante pour
servir de brûle-parfum. Ces formes anciennes sont reprises à
partir de la dynastie des Song (960-1279) pour les objets destinés
aux autels des palais et des temples ou aux riches
demeures. Sous les Qing, le ding utilisé comme brûle-parfum
est la pièce centrale des cinq objets précieux, les wugong. Il est
entouré d’une paire de chandeliers, puis d’une paire de
vases. Dans les temples, l’encens est offert par les fidèles et
brûlé pour aider à la méditation. Ces délicates fragrances
participent au raffinement des intérieurs de palais ou de
demeures de l’élite. Les lettrés aiment à s’en entourer notamment
lorsqu’ils pratiquent la calligraphie ou la musique.
Parmi les émaux conservés dans la collection, il est certain
que cette pièce a été achetée neuve dans la manufacture
visitée à Pékin puisque Léon de Beylié la mentionne et la
dessine dans l’inventaire de sa collection qu’il dresse avant 1898. Elle est, par sa forme, son décor de rinceau de lotus, la belle qualité des émaux et les couleurs employées, caractéristique
de la production de Pékin à la fin de la dynastie
mandchoue. La production d’émaux cloisonnés connaît un nouvel essor sous le règne de Guangxu (1875-1908) comme le montrent un certain nombre d’objets datés ou attribuables à cette période, ainsi qu’un texte publié en 1903[3].
La collection d’émaux du général de Beylié montre qu’il
portait un intérêt aux diverses techniques d’émaux sur
métal puisqu’elle est constituée, entre autres, d’une paire de
bouteilles en métal doré décoré de deux dragons en émaux
champlevés[4], d’un bassin à décor d’émaux peints produit à Canton[5], d’un vase en émaux peints imitant les cloisonnés,
et d’une petite tasse et sa soucoupe en émaux peints de
Pékin[6], et une petite assiette à décor d’émaux peints et
d’émaux translucides sur fond métallique[7].
[1] La Chine participe aux expositions universelles à partir de 1867, à Paris.
[2] Lettre à sa mère de Pékin, 14 juin 1886.
[3] René Charles Guerrier, officier des douanes à Tian Qing, publie en janvier 1903 un article intitulé «Notes sur la fabrication de l’émail cloisonné», dans La Revue d’Asie et des colonies.
[4] Ces deux vases offrent un bon exemple d’émaux champlevés et cloisonnés à la fois. Nos 85 et 86.
[5] MG 2007-0-372.
[6] MG 2007-0-368.
[7] Les objets à décors d’émaux translucides sur fond métallique furent produits dans la région de Canton depuis le XVIIIe siècle. MG 2007-0-373.