Tasse

Théière 10 × 13 × 12 cm Tasse : 4,5 × 8 × 6,5 cm
Grès brun de Yixing avec décor en argent sculpté
Marque en forme de sceau carré, à quatre caractères chinois, probablement le nom de l’atelier, en impression sur le fond extérieur de la théière
Don de Léon de Beylié en 1904
MG 2007-0-189, 190 et 191

Ce service à thé était composé à l’origine de quatre pièces : une théière (MG 2007-0-189), deux tasses (MG 2009-0-190 et 191) et un sucrier. Ce dernier n’a malheureusement pas pu être retrouvé. C’est une très belle production des fours Yixing de la province du Jiangsu, connus pour leurs grès brun. Fait de glaise yixing, également dite glaise zisha, et cuit à haute température, le grès de Yixing est idéal pour les services de thé, notamment les théières. Une fois cuite à haute température (1100 à 1 200 °C) sans couverte, la glaise Yixing absorbe facilement l’air, respire mais reste imperméable. Une théière en grès de Yixing conserve ainsi le parfum du thé et une température idéale pendant assez longtemps. De fait, le grès de Yixing est apprécié par les amateurs de thé depuis la dynastie des Song (960-1279) et devient véritablement à la mode sous la dynastie des Ming (1368-1644). De nombreux ateliers sont créés, leurs styles évoluant selon le goût de chaque époque.
Alliant un corps lisse et fin à une belle solidité, la pièce du musée de Grenoble se distingue notamment par son décor en argent sculpté : les anses de la théière et les poignées des tasses. Les anses formées de dragons tenant une perle dans la gueule et regardant vers l’ouverture de la théière illustrent la maîtrise des artisans chinois pour la sculpture en argent et la décoration de céramiques. Cela étant, ce genre de décor est inhabituel pour un grès de Yixing. Plusieurs types de décor sont employés par les potiers de Yixing tels que les poèmes calligraphiés, les fleurs ou les éléments végétaux, les personnages… Le motif est choisi selon la destination de l’objet : pour les lettrés ou pour une utilisation quotidienne et populaire. Une fois choisi, il est fixé directement sur le corps suivant différentes techniques : il peut être gravé (notamment pour l’inscription de poèmes), dessiné avec un pigment, imprimé sur le corps avant le séchage, ou encore collé s’il s’agit d’éléments décoratifs préalablement fabriqués. Ces éléments rapportés sont en général de terre, la glaise yixing, la même terre que le corps de la théière. Le décor en émail est pratiqué à partir de l’époque Qing, mais il est très rare de trouver ce type de décor en métal. Par ailleurs, les motifs végétaux et les petits personnages de cette théière s’apparentent plutôt aux styles de l’Asie du Sud-Est. Aussi est-il possible que cette argenterie ait été rajoutée en dehors de Chine, sur une céramique de Yixing. Ce service à thé témoigne de la fusion de deux cultures : la céramique chinoise et l’argenterie indochinoise.