Georgette Agutte et Marcel Sembat. Un couple amoureux de l'art
Fille de peintre, Georgette Agutte s'initie à l'art chez un sculpteur. Elle commence de bonne heure sa carrière artistique et participe régulièrement au Salon des Indépendants et au Salon d'automne. De 1908 à 1919 elle expose à plusieurs reprises dans les galeries les plus prisées du moment, celles de Georges Petit, Druet et Bernheim-Jeune. Coloriste avant tout, elle peint des paysages , des portraits et des nus d'où se dégagent les influences des artistes qu'elle admire, en particulier les impressionnistes, les néo-impressionnistes, et les fauves. Elle réalise également des décorations murales, des sculptures, des céramiques et des bijoux.
Après un doctorat en droit, Marcel Sembat collabore à plusieurs journaux dont L'Humanité de Jaurès. En 1893, il est élu député socialiste du XVIIIe arrondissement de Paris et y sera continuellement réélu jusqu'à sa mort en 1922. Ministre des Travaux Publics de 1914 à 1916, il choisit Léon Blum comme chef de cabinet.
Curieux et passionné, Marcel Sembat s'intéresse aussi bien à la philosophie qu'à la poésie ou à la psychanalyse. Georgette Agutte qu'il épouse en 1897 lui fait aimer la peinture. A ses côtés il visite les expositions, prend part au jury du Salon d'automne et publie des textes en particulier sur Matisse et Marquet. Son discours du 3 décembre 1912, à l'Assemblée nationale, en faveur de l'art moderne et plus particulièrement du cubisme est resté célèbre.
Amateurs éclairés, très ouverts aux tendances nouvelles, les Sembat s'entourent de peintures, de sculptures, de dessins et d'objets d'art réalisés le plus souvent par des artistes qu'ils connaissent. Le 5 septembre 1922 Marcel Sembat décède d'une hémorragie cérébrale. Georgette Agutte se suicide quelques heures plus tard. Dans ses dernières volontés elle indique que leur collection devra regagner un musée de province. A cette date seul le musée de Grenoble est en capacité de montrer des œuvres d'artistes vivants, notamment celles des deux principaux courants représentés : le néo-impressionnisme autour de Paul Signac et le fauvisme autour de Matisse, Marquet, Derain, Vlaminck, ou Van Dongen. Le legs de la collection qui comprend 44 peintures, 24 dessins, 20 céramiques et 2 sculptures a lieu en 1923. L'année suivante le musée inaugure les salles destinées à la collection ainsi qu'une sélection d'œuvres de Georgette Agutte.
A son tour en 1995, Pierre Collart, neveu et héritier des Sembat lègue au musée les œuvres provenant de l'illustre collection et qui étaient encore en sa possession. Deux œuvres majeures du peintre néo-impressionniste Henri-Edmond Cross se dégagent de cet ensemble : Le Cap Layet, 1904 et Antibes, 1908 qui sont exposées de façon permanente.