Etude d'une tête masculine et d'une tête féminine

Ce dessin n’est pas isolé. Une autre version existe conservée au British Museum présentant une suite de quatre études de têtes. Seules deux têtes sont dessinées sur la feuille grenobloise : elles correspondent à celles figurées sur la gauche du dessin londonien. À l’identité des poses s’ajoute une correspondance stylistique indéniable : une même main a vraisemblablement dessiné les figures tracées sur les deux dessins, sans qu’il soit possible de dire lequel a été réalisé en premier. Popham, dans son catalogue raisonné des dessins de Parmesan, avait conservé l’ancienne attribution du dessin de Londres à ce dernier. À ses yeux, il s’agissait d’une étude datant de la jeunesse du maître, peu avant son départ pour Rome en 1524. Si les stylèmes caractérisant les signes graphiques des figures sont incontestablement parmigianinesques, l’attribution au Parmesan n’est cependant pas certaine. Giulio Bora a ainsi émis l’hypothèse que le dessin du British Museum puisse revenir au peintre crémonais Camillo Boccaccino. Hugo Chapman, dans la base de données des dessins du musée britannique, a entériné cette proposition. Il est assez difficile de lexicaliser les manières respectives des deux dessinateurs. Seule certitude : Boccaccino se place dans le sillage stylistique du Parmesan, voire dans une dépendance confinant à une certaine forme de psittacisme. L’existence d’une peinture de Boccaccino, en rapport avec l’une des figures, peut constituer un argument supplémentaire dans la quête attributive des deux dessins. La figure féminine de droite (dessin de Grenoble) trouve ainsi un correspondant pictural dans un tableau que Boccaccino peignit en 1530 pour l’église de Santa Maria di Campagna à Plaisance. Ce tableau représente une Annonciation[1]. Le visage vu de profil de la Vierge ainsi que sa main aux longues phalanges (qui n’apparaît pas sur le dessin londonien) semblent issus du modèle graphique. Certes, on pourrait dire que la présence d’un visage masculin à proximité pourrait convenir tout autant à l’étude d’un sujet tel que la Nativité (et c’est peut-être le cas : la Glasgow Art Gallery and Museum conserve un tableau, attribué par Mario Di Giampaolo, représentant ce sujet qui montre des airs de tête comparables pour les figures de la Vierge et de saint Joseph). Ce lien possible permet d’une certaine manière de conférer un statut préparatoire aux deux dessins de Londres et de Grenoble : il pourrait s’agir d’un «modèle » dont l’utilisation fut certainement multiple, la plus proche étant celle de la Vierge figurée sur l’Annonciation de Plaisance.
[1] Peinte sur deux toiles qui ornaient à l’origine les panneaux de l’orgue de la même église. G. Bora a trouvé un autre dessin préparatoire pour ce tableau. Il s’agit d’une étude de tête féminine conservée à l’Albertina (inv. n. 2593).
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