Entre deux pluies, lac Robert (Chamrousse)

En 1913, l’atelier de Charles Bertier situé dans
sa maison (route d’Eybens à la Bajatière) est
totalement ravagé par un incendie. Il achète
l’année suivante un appartement au 4e étage du
18 boulevard Édouard-Rey. Durant les dix dernières
années de sa vie, il multiplie les excursions
en montagne et effectue fréquemment
des séjours à Chamonix et ses environs, comme
en atteste sa production. Dans les années 1910,
il semblerait que le peintre ait eu à honorer
une clientèle nombreuse et fidèle. Il réalise des
tableaux de paysages alpestres jusqu’à travailler
en série. C’est ainsi que l’on retrouve aujourd’hui
une très grande quantité de paysages représentant
La Meije au soleil couchant, des lacs en
Belledonne, des vues de Grenoble avec effet du
soir sur la chaîne en arrière-plan, célèbre panorama,
qui sera d’ailleurs le thème de son dernier
envoi au Salon en 1923 sous le titre Grenoble et
les Alpes roses (Musée dauphinois).
Entre deux pluies, lac Robert (Chamrousse) appartient
à cette production de fin de carrière.
Bertier réalise alors des tableaux verticaux, plus
modernes, répondant à la demande d’une clientèle
particulière grandissante et friande de ces
paysages. Depuis la révolution impressionniste
des années 1870, ce format s’est répandu chez
les artistes du paysage. Il permet de dynamiser
la composition en intensifiant les lignes verticales
et ainsi de magnifier certains coins de
nature. C’est exactement l’effet produit ici. La
verticalité renforce l’immédiateté de la perception
visuelle. Le rapprochement du motif le rend
plus imposant et offre une meilleure immersion
de l’observateur. Ce paysage de Bertier à
la facture plus rugueuse et rapide doit, semblet-
il également, à la manière de Gustave Doré.
Son très romantique Lac en Écosse après l’orage,
peint à la fin des années 1870, intègre les collections
du musée de Grenoble en 1880. Il y a donc
fort à penser que le jeune Charles Bertier a eu
le loisir de contempler le tableau durant sa
formation. Non seulement le titre choisi par le
peintre grenoblois paraît faire écho à celui de
son aîné, mais surtout ce dernier opte lui aussi
pour un paysage austère et désertique dans
lequel seul plane un oiseau. L’ambiance atmosphérique
orageuse empruntée à Gustave Doré,
mais ici moins lugubre et inquiétante, intègre
une touche de romantisme chère à Bertier.
Le peintre reste attaché au réalisme face à la
concurrence de la photographie. Depuis le milieu
du XIXe siècle, cette technologie se développe, le
matériel s’allège, la technique fait des émules.
Alfred Michaud, pharmacien du Bourg-d’Oisans
né dans le Jura en 1828, est l’un de ces photographes
pionniers. En alpiniste averti, il est à
l’origine de nombreux clichés dès les années
1870, dont celui du lac de l’Eychauda, qui inspira
à Guétal son chef-d’oeuvre. À Grenoble, Gustave
Oddoux est le plus important éditeur de cartes
postales de la région durant la première moitié
du XXe siècle. Il y a à cette époque un vrai marché
de l’imagerie des Alpes. Qu’elles soient picturales
ou photographiques, ces images évoquent
bien souvent les mêmes sites remarquables.
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