Entre deux pluies, lac Robert (Chamrousse)

Charles BERTIER
1910 - 1920
116,5 x 81,5 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Don de l' Association pour la création d'un Musée des artistes dauphinois en 2015

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En 1913, l’atelier de Charles Bertier situé dans sa maison (route d’Eybens à la Bajatière) est totalement ravagé par un incendie. Il achète l’année suivante un appartement au 4e étage du 18 boulevard Édouard-Rey. Durant les dix dernières années de sa vie, il multiplie les excursions en montagne et effectue fréquemment des séjours à Chamonix et ses environs, comme en atteste sa production. Dans les années 1910, il semblerait que le peintre ait eu à honorer une clientèle nombreuse et fidèle. Il réalise des tableaux de paysages alpestres jusqu’à travailler en série. C’est ainsi que l’on retrouve aujourd’hui une très grande quantité de paysages représentant La Meije au soleil couchant, des lacs en Belledonne, des vues de Grenoble avec effet du soir sur la chaîne en arrière-plan, célèbre panorama, qui sera d’ailleurs le thème de son dernier envoi au Salon en 1923 sous le titre Grenoble et les Alpes roses (Musée dauphinois).
Entre deux pluies, lac Robert (Chamrousse) appartient à cette production de fin de carrière. Bertier réalise alors des tableaux verticaux, plus modernes, répondant à la demande d’une clientèle particulière grandissante et friande de ces paysages. Depuis la révolution impressionniste des années 1870, ce format s’est répandu chez les artistes du paysage. Il permet de dynamiser la composition en intensifiant les lignes verticales et ainsi de magnifier certains coins de nature. C’est exactement l’effet produit ici. La verticalité renforce l’immédiateté de la perception visuelle. Le rapprochement du motif le rend plus imposant et offre une meilleure immersion de l’observateur. Ce paysage de Bertier à la facture plus rugueuse et rapide doit, semblet- il également, à la manière de Gustave Doré. Son très romantique Lac en Écosse après l’orage, peint à la fin des années 1870, intègre les collections du musée de Grenoble en 1880. Il y a donc fort à penser que le jeune Charles Bertier a eu le loisir de contempler le tableau durant sa formation. Non seulement le titre choisi par le peintre grenoblois paraît faire écho à celui de son aîné, mais surtout ce dernier opte lui aussi pour un paysage austère et désertique dans lequel seul plane un oiseau. L’ambiance atmosphérique orageuse empruntée à Gustave Doré, mais ici moins lugubre et inquiétante, intègre une touche de romantisme chère à Bertier. Le peintre reste attaché au réalisme face à la concurrence de la photographie. Depuis le milieu du XIXe siècle, cette technologie se développe, le matériel s’allège, la technique fait des émules. Alfred Michaud, pharmacien du Bourg-d’Oisans né dans le Jura en 1828, est l’un de ces photographes pionniers. En alpiniste averti, il est à l’origine de nombreux clichés dès les années 1870, dont celui du lac de l’Eychauda, qui inspira à Guétal son chef-d’oeuvre. À Grenoble, Gustave Oddoux est le plus important éditeur de cartes postales de la région durant la première moitié du XXe siècle. Il y a à cette époque un vrai marché de l’imagerie des Alpes. Qu’elles soient picturales ou photographiques, ces images évoquent bien souvent les mêmes sites remarquables.

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