Les Rogations ; confrérie des Pénitents Blancs (Dauphiné)

Tancrède BASTET (Jean Célestin Tancrède BASTET, dit)
1897
159 x 204 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Don de l'artiste à la Ville de Grenoble pour l'hôtel de ville en 1897.

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Tancrède Bastet s’est intéressé à des sujets très divers et montre autant d’aisance à peindre des moments de la vie quotidienne, des nus, des portraits que des paysages. Il a notamment produit plusieurs oeuvres qui évoquent des moments de la liturgie catholique et de la pratique religieuse dans le monde rural, en Isère et dans les Hautes- Alpes, comme une Scène de communion solennelle aux Adrets, dessinée à Montaud et titré Attolite Portas (1895), la spiritualité d’un père chartreux en prière dans Méditation ou le deuil dans Cimetière de la Tour-sans-Venin[1] (1890) et Jeune fille au chrysanthème[2] (1897). Le Credo[3], présenté au Salon de 1892, annonce Les Rogations de 1897 : l’épisode se déroule dans le même lieu de culte avec les mêmes protagonistes (pénitents et enfant de choeur). Les deux oeuvres, peintes à cinq ans d’intervalle, laissent donc supposer que Bastet conservait une documentation – croquis et photographies –, car Les Rogations captent l’entrée d’une procession de pénitents blancs, comme pourrait en rendre compte un cliché photographique. Il combine ici l’art du portrait naturaliste et une approche presque ethnographique de la scène de genre dans un registre généralement peu exploré par les artistes. Ces figures masculines aux traits marqués, la tête couverte d’un foulard et vêtues d’une tunique immaculée, symbole de la pureté et du Saint- Esprit, allument un cierge en entrant dans l’église sous le regard d’un jeune servant d’autel habillé de la soutanelle rouge et du surplis de toile fine. Le contraste est saisissant entre les deux générations, mais on peut imaginer que le jeune garçon, éduqué dans la foi de ses aînés, suivra leurs pas.
Essentiellement concentrées dans le sud-est, ces anciennes confréries de laïcs aux rites très codifiés nous sont aujourd’hui bien lointaines. Quelques-unes, dans le Briançonnais, se sont maintenues jusqu’au milieu du xxe siècle. Dans le calendrier liturgique, les rogations sont les trois jours qui précèdent le jeudi de l’Ascension. On ignore la place que tenait la religion dans la vie de l’artiste, mais ces oeuvres montrent qu’il y portait une attention particulière.
Tancrède Bastet offre cette peinture à la Ville de Grenoble en 1897 pour qu’elle figure à l’hôtel de ville « surtout et beaucoup par reconnaissance des encouragements que la ville a bien voulu m’accorder au début de ma carrière artistique[4] ».


[1] Église de Domène.
[2] Musée des Beaux-Arts de Lyon (B 583).
[3] Musée de Grenoble (MG 969).
[4] Archives Municipales de Grenoble, R2/46, lettre de Tancrède Bastet au maire de Grenoble, 21 avril 1897.

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