Jeune homme jouant de la viole de gambe, reprise de l'instrument de musique
Étienne Parrocel est né à Avignon, cité qui
jusqu’à la Révolution appartenait aux États
pontificaux. Issu d’une lignée de peintres, fils du
peintre de batailles Ignace-Jacques Parrocel
(1667-1722), formé par le frère chartreux
Gabriel Imbert (selon Mariette) et par son oncle
Pierre Parrocel (1670-1739), il s’installe à Rome
en 1717 avec ce dernier. Il italianise alors son
prénom en Stefano, reçoit le surnom de
« Romain », devient membre de l’académie de
Saint-Luc et reçoit de nombreuses commandes
pour des églises romaines (Santa Maria in
Monticelli, San Gregorio a Ponte Quattro Capi,
Santa Maria in Trastevere, Santa Prassede, Santa
Maria Maddalena, Santa Caterina da Siena). Sa
romanité est consommée, ce qui ne l’empêche
pas de travailler pour des églises des anciens
États de l’Église (Ancône, Spolète, Narni) et
pour des églises du midi de la France (église des
Jésuites des Quatre-Langues à Marseille, deux
tableaux d’autel pour la cathédrale de Carpentras).
Ses dessins sont aujourd’hui mieux
connus grâce à la réapparition d’une partie de
son fonds d’atelier dispersée en 1968 en France
puis en Grande-Bretagne et acquise par le
musée des Beaux-Arts de Marseille (environ
cent feuilles). Une trentaine de feuilles se
trouvent au musée Calvet à Avignon grâce à la
donation Puech.
Le dessin de Grenoble n’a pu être mis en
relation avec un tableau précis. Il appartient
néanmoins à son répertoire stylistique et
formel, façonné au contact des manières de
Carlo Maratti et de Charles Le Brun à travers
lesquelles il forma son propre faire, grâce à son
oncle qui passa deux fois dans l’atelier du
peintre romain (et Étienne/Stefano eut l’occasion
à Rome de parfaire cette connaissance) et
à Imbert, qui très certainement travaillait dans
un esprit graphique proche de celui de Le Brun,
comme le suggère Olivier Michel. Ce caractère
hybride franco-italien se lit en filigrane sur ce
dessin (qui était classé dans le fonds français),
même s’il semble vain de démêler ce qui ressort
d’une tradition française et ce qui relève d’une
conformation à un style italien. C’est ce qui fait
l’originalité de la manière d’Étienne/Stefano, à
la fois française et italienne, sorte de combinaison
de références stylistiques, franco-italiennes
en somme.
En l’absence de figure peinte référente, il est
très difficile de connaître l’identité et la
fonction iconographique du dessin. Lorsqu’il
a été exposé à Toulouse en 2006, il a été placé à
proximité d’un autre dessin d’Étienne/Stefano
appartenant au musée Calvet d’Avignon[1] dont
la destination préparatoire est avérée, puisqu’il
étudie la pose d’un ange rengainant une épée,
peint sur un nuage dans un tableau réalisé en
1739 pour l’église Santa Prassede à Rome. Ce
tableau représente Saint Charles Borromée
intercédant pour la cessation de la peste à Milan.
La confrontation était saisissante. Elle permettait
non seulement de justifier la pertinence de
l’attribution à Étienne/Stefano Parrocel, de le
dater des années 1730 mais également de
constater que la pose reprenait celle d’un ange
musicien. Étienne/Stefano aurait alors dessiné
un ange aptère vu da sotto in su sur deux degrés
d’un podium mis en réserve, ce qui est
vraisemblable, en tout cas une figure dessinée
d’après un modèle d’atelier « aux joues arrondies
et aux cheveux bouclés »[2] qui pourrait être
le même que celui dessiné sur la feuille d’Avignon
et être investi d’une telle fonction en
devenir d’ange.
[1] Inv. 996-7-7.
[2] Loisel in Toulouse 2006-2007.
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