Etude pour la figure d'un saint Jean l'Evangéliste

Polidoro CALDARA dit Polidoro DA CARAVAGGIO
XVIe siècle
Pointe du pinceau, lavis d'encre brune, lavis d'encre noire, rehauts de gouache blanche, sur un tracé à la pierre noire, trait d'encadrement rapporté au graphite, sur papier vergé crème doublé légèrement lavé d'encre brune
12,4 x 8 cm
Crédit photographique :
VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIX
Acquisition :
Legs de Léonce Mesnard en 1890, entré au musée en 1902 (lot 3544).

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La découverte d’un dessin de Polidoro, surtout lorsque celle-ci prend les apparences d’une redécouverte puisque le dessin de Grenoble était déjà classé sous le nom de Polidoro depuis la fin des années 1960, provoque toujours l’incrédulité (comment se peut-il qu’un dessin de cette importance et de cette qualité puisse dormir depuis presque quarante ans dans un cabinet ?) et l’excitation (celle du connaisseur qui ajoute une pièce à un puzzle).
L’œuvre graphique de Polidoro, a contrario de l’œuvre pictural (on sait l’admiration que provoquèrent auprès de ses pairs, commanditaires, et de générations entières d’artistes à l’époque moderne les fresques en camaïeu qu’il peignit sur les façades de palais romains et qui en raison des intempéries ont aujourd’hui disparu), est suffisamment riche pour pouvoir y reconnaître sa main. Il est aussi assez facilement datable tant Polidoro, au gré de ses contacts et de ses voyages (de Rome à Messine en passant par Naples), évolue et se renouvelle tout en restant reconnaissable. Il est ainsi possible de dire que le dessin grenoblois date de l’ultime période du peintre, celle au cours de laquelle il travaille pour les confraternités laïques, les Carmélites et Franciscains et certaines grandes familles de la ville de Messine en Sicile. Il s’y installe en 1528 et y meurt en 1543 selon Vasari.
Mais si l’on peut mettre en rapport ce dessin avec d’autres feuilles à partir de critères stylistico- techniques, tel ce dessin en main privée montrant la figure en pied d’un Saint Jacques réalisée entièrement à la pointe du pinceau dont le tracé confère aux lignes de contours et aux traits de délimitation des plis de la tunique une plus grande épaisseur et aussi un aspect plus diaphane, rejoignant en cela les plages du lavis et leur fonction structurante de modulation des formes, il n’a malheureusement pas été possible de trouver d’autres œuvres graphiques appartenant ou supposées appartenir au même dossier génétique. Aucune feuille à cette heure étudiant la figure d’un saint Jean l’Évangéliste ne semble en effet connue. Et surtout, aucune autre figure d’évangéliste disposée de manière semblable, assise sur un nuage, n’a été retrouvée. Peut-être faudrait-il imaginer que Polidoro a réalisé ce dessin à destination de son principal assistant et collaborateur, Stefano Giordano, à partir duquel celui-ci aurait réalisé sa propre peinture. Mais cette supposition ne repose sur rien d’avéré. Tout ce que l’on peut dire de certain est que Polidoro se souvient de la pose du Prophète Isaïe de son maître Raphaël peint à fresque dans l’église Sant’Agostino à Rome (la position en retrait de la jambe droite est la même).

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