Homme assis

Cornelis DUSART
2ème moitié XVIIe siècle
Pierre noire, rehauts de craie blanche, trait d'encadrement à la plume et à l'encre brune (pour les quatre bords), trait d'encadrement à la pierre noire (pour les angles abattus) sur papier vergé bleu aux angles coupés
20,23 x 15,2 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Legs de M. Léonce Mesnard en 1890, entré au musée en 1902 (lot 3548, n°1930).

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Cornelis Dusart, fils de l’organiste de Saint- Bavon à Haarlem, entre en 1679 dans la guilde de Saint-Luc de cette ville après avoir passé quatre ans dans l’atelier d’Adriaen van Ostade. Artiste aussi prolifique que son maître, il continue à la fin du XVIIe siècle de composer des scènes de genre paysannes. Dusart n’excelle pas uniquement dans la peinture et dans ses nombreux dessins mais grave aussi seize eaux-fortes sur ce sujet, d’une exécution brillante dans le style de son maître, ainsi que trente-cinq planches à la manière noire.
Après la mort d’Adriaen van Ostade en 1685, Dusart entre en possession d’une grande quantité de peintures et de dessins restés dans son atelier, y compris d’oeuvres de son frère Isaac van Ostade, décédé très jeune (1621- 1649), et d’autres artistes. Il n’est pas étonnant de retrouver dans sa collection de multiples études de personnages de Cornelis Bega (1631-1664), autre fameux élève d’Adriaen van Ostade. L’exploitation de ce fonds par Dusart demeure un problème délicat dans l’art hollandais car ce dernier n’hésite pas à terminer les dessins et les peintures des autres artistes, soit parce qu’ils sont inachevés soit parce que leur style esquissé ne correspond plus, en cette ultime fin du XVIIe siècle, à la mode du temps.
Parfois, il exécute simplement des copies dessinées ou peintes d’après les Ostade[1]. Dusart s’est aussi associé avec des graveurs comme Bernard Picart qui diffuse les oeuvres de l’atelier des Ostade et répand ainsi les scènes de genre paysannes hollandaises dans toute l’Europe.
Le cabinet des dessins de Grenoble possède deux études d’homme assis de Cornelis Dusart, celle étudiée ici et la n° MG D 811. Ces deux études de paysans sont caractéristiques de son art. Ce genre de feuilles est très recherché à toutes les époques par les amateurs qui n’hésitent pas à les payer fort cher, comme nous l’apprend Johan van Gool[2]. Dans cet ensemble d’études de figures, les poses ainsi que les expressions des visages sont des plus variées. Exécutées à la pierre noire, sanguine et craie blanche, parfois rehaussées délicatement d’aquarelle, ces feuilles sont pleines de vie, les attitudes des personnages souvent très surprenantes et d’une grande fraîcheur. Dusart utilise surtout comme support le papier bleu qui ajoute une couleur aux effets polychromes des trois crayons. Il n’hésite pas à se servir aussi du parchemin qui fait ressortir davantage la précision de ses traits.
La finesse d’exécution des personnages de Dusart est différente de celle, plus sommaire, des frères Ostade. Comparé à eux, Dusart est parfois proche de la caricature et les poses de ses modèles sont plus extravagantes et théâtrales. Dans le dessin de Grenoble, l’homme devrait tenir une lettre que l’artiste n’a jamais dessinée. Son visage souriant est surmonté d’un bonnet qui lui donne un aspect comique et burlesque, destiné à faire rire le spectateur. Dusart joue ici sur les lignes sinueuses de la silhouette svelte et élancée de son modèle. Un dessin très proche dans la technique, le style et les dimensions, montrant un homme assis tendant une lettre dans une main et une cruche dans l’autre, est conservé au Kobberstiksamling du Statens Museum for Kunst à Copenhague[3] (Cornelis Dusart, Un homme assis tenant une lettre dans une main et une cruche dans l’autre, Copenhague, Kobberstiksamling, Statens Museum for Kunst, Inv. KKS6576).
L’inventaire après décès de Dusart, dressé en 1708 et publié par Abraham Bredius, indique parmi les nombreux dessins, le Cunstboek 15, contenant des Mannetjes na’t leven van Dusart, 251 stux (« Études d’hommes d’après nature de Dusart, 251 dessins »). On pourrait citer de nombreux autres recueils avec des manneties et des études d’après nature de l’artiste, mélangées souvent avec celles d’Adriaen et Isaac van Ostade, de Cornelis Bega et d’autres artistes[4]. Si on ajoute les portefeuilles posés sur une table de son atelier, on arrive à un nombre considérable d’études. On peut s’imaginer que les deux dessins de Grenoble figuraient dans la vente des biens de l’artiste, organisée le 21 août 1708. Au nombre de ces études d’homme, il faut ajouter les oeuvres vendues durant sa vie, sans doute les nombreuses études de paysans signées connues.


[1] Voir par exemple son Intérieur d’une maison de campagne, anciennement galerie Sabrina Förster, Düsseldorf, catalogue de printemps 1993, n°24, qui reprend fidèlement un dessin d’Adriaen van Ostade à Chantilly, musée Condé, Inv. n°1061.
[2] Voir Johan van Gool, 1751, II, p. 458.
[3] Voir cat. exp. Oslo, 1999, n°54, repr.
[4] Bredius, 1915, I, p. 38-39 et 42-44.

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