Le Christ à la piscine probatique

Charles MELLIN dit Charles DE LORRAINE
XVIIe siècle
19,7 x 26,8 cm
Crédit photographique :
VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIX
Acquisition :
Legs de Léonce Mesnard en 1890, entré au musée en 1902 (lot 3547, n°545).

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Identifié par Antoine Schnapper, ce dessin a été publié pour la première fois par Pierre Rosenberg en 1968. Le corpus graphique de Charles Mellin ne se composait alors que d’un très petit nombre de dessins et l’œuvre de l’artiste lorrain demeurait encore très mal connu. Depuis, les recherches d’archives menées par Jacques Bousquet et les travaux de Doris Wild, Pierre Rosenberg, Jacques Thuillier et plus récemment de Philippe Malgouyres ont permi de mieux cerner la personnalité de ce peintre et de lui rendre une partie de ses œuvres, souvent dissimulées sous les noms de Simon Vouet ou de Nicolas Poussin dont il a été tour à tour proche en Italie. Dans cette longue reconstruction, le dessin de Grenoble occupe une place importante. Il s’agit de l’une des premières feuilles repérées portant l’annotation Carlo Lorenese. C’est ainsi qu’était nommé Mellin par ses contemporains à Rome. Une seconde étude, cette fois pour un Christ guérissant les aveugles, identique par la technique et le format et portant la même inscription, est entrée au musée des beaux-arts de Rouen en 1974 avec la donation Henri et Suzanne Baderou[1]. De la même main, ces annotations ne semblent toutefois pas avoir été apposées par l’artiste lui-même. L’œuvre est non seulement significative de l’écriture graphique de Mellin mais également de celle de toute une génération d’artistes gravitant dans l’entourage de Poussin à Rome dans les années 1640. La composition est rapidement tracée à la plume, d’un trait discontinu et nerveux. Les formes et les volumes sont sommairement indiqués par des rehauts de lavis qui leur confèrent une monumentalité abstraite. Cette façon de mettre en place la structure générale de l’image est fréquemment utilisée par Poussin. On la retrouve chez d’autres suiveurs du maître en Italie comme Charles-Alphonse Dufresnoy (MG 1803 et MG D 1255 ).
Comme l’a souligné Philippe Malgouyres, Mellin suit de manière scrupuleuse le passage de l’Évangile selon saint Jean (V, 1-9) qu’il illustre. La guérison miraculeuse des malades est située devant trois arcades monumentales. Les personnages évoluent autour du Christ qui est au centre et sont disposés en frise. De chaque côté du Christ, les apôtres et les malades se font pendant. L’ensemble est très proche des compositions de Poussin.
En 1980, Jacques Thuillier situait cette feuille entre 1637 et 1640 par analogie avec la première série des Sacrements de Poussin. Philippe Malgouyres propose une datation plus tardive et situe le dessin lors du séjour de Mellin à Naples au début des années 1640. En effet, certains détails de la composition, comme l’ange qui descendu sur la piscine, sont très proches du Christ à la piscine probatique peinte à Naples en 1644 par Giovanni Lanfranco (église des Santi Apostoli).


[1] Inv. 1975.4.659. H. 16 ; L. 22.6.

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