Le Scaphandrier des nuages
(Il palombaro delle nuvole)

Enrico PRAMPOLINI
vers 1930
115,7 x 89 cm
Crédit photographique :
VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIX
Acquisition :
Don du Comte Emanuele Sarmiento en 1933
Localisation :
SA32 - Salle 32

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[Catalogue de l'exposition Italia moderna. La collection d'art moderne et contemporain italien du musée de Grenoble, 19 mai-4 juillet 2021]

Enrico Prampolini appartient au courant qu’il est convenu d’appeler le second futurisme, dominé par les développements de l’Aeropittura. En 1929, il est avec Nikolay Diulgheroff, Pippo Oriani, Benedetta Cappa et Fillia cosignataire du Manifeste de l’aéropeinture. « Nous autres futuristes déclarons que les perspectives changeantes du vol constituent une réalité absolument nouvelle, et qui n’a rien de commun avec la réalité traditionnelle des perspectives terrestres […]. Nous arriverons bientôt à une nouvelle spiritualité plastique extraterrestre. » Formé à l’École des Beaux-arts de Rome, Enrico Prampolini se lie, en 1913, aux futuristes Giacomo Balla et Umberto Boccioni, puis se rapproche des dadaïstes de Zurich, Tristan Tzara et Jean Arp. Alors qu’il vit en France de 1925 à 1937, ses rapports étroits avec des mouvements engagés dans des recherches abstraites, comme Abstraction-Création, donnent une coloration bien particulière à son travail. Prampolini doit enfin certainement à ses activités de scénographe et de costumier de théâtre son sens particulier de l’espace. Dans tous les cas, l’artiste fait de l’aéropeinture un instrument de connaissance des forces occultes de l’univers. Selon Michel Seuphor, « le dialogue entre les forces de l’esprit et celles de la matière se fait [dans son oeuvre] ample et sonore » (Michel Seuphor, Prampolini, 1968).

Le Scaphandrier des nuages illustre bien cet état d’âme. Ce paysage cosmique et onirique met en lumière la pensée métaphysique du peintre. Convaincu que le ciel est la demeure future de l’homme, Prampolini donne à voir un astronaute avant la lettre. Il a certainement en tête les premiers scaphandres autonomes réalisés pour la plongée sous-marine. Les progrès récents de l’aéronautique alimentent aussi à n’en point douter son imaginaire. Au début des années 1930, le peintre est également marqué par les artistes abstraits parisiens qu’il découvre à Paris. Aussi, la sphère bleutée, emblème d’une nouvelle réalité cosmique, comme les transparences cristallines et les nuées blanches et azurées, tout le répertoire de formes biomorphes mis en oeuvre par l’artiste, participent de l’invention d’une nouvelle cosmologie. Avec cette figure, poétique et stellaire, symbole par excellence de la conquête de l’espace, Prampolini célèbre, comme avec Maternité cosmique (1930), l’unité primordiale de l’homme avec l’univers.

Le comte Emanuele Sarmiento acquiert ses oeuvres au fil des expositions qu’il organise à Paris. Le collectionneur, ayant fait don du Séducteur de la vitesse (1930) au musée d’Art moderne de la Ville de Paris, se souvient : « Il est important de noter comment m’est venue l’idée d’organiser à Paris une exposition d’aéropeinture futuriste. L’an passé, après la conférence que Marinetti a donné dans la salle du Conservatoire sur l’aéropeinture et au cours de laquelle il a présenté au public des tableaux de Prampolini comme étant les plus représentatifs de ce courant, j’ai acquis le Scaphandrier des nuages, une des oeuvres de Prampolini que j’admire énormément » (« L’exposizione dell’Aeropittura futurista », Nuova Italia, 25 février 1932, archives M.A.I).

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