Bassin à poisson
diamètre: 48 cm
Chine, Jiangxi, Jingdezhen
Dynastie Qing
Probablement période
Kangxi (1662-1722)
ou période Qianlong
(1736-1795) XVIIIe siècle
41,5 x 48 cm
Porcelaine à décor
bleu et blanc
Don de Léon de Beylié en 1904
MG 2007-0-170
Pratiquée depuis l’époque des Tang (618-907), la porcelaine
à décor bleu et blanc est admirée à partir du Xe siècle
d’abord à l’étranger, en particulier au Proche-Orient. Les
Chinois préfèrent encore la porcelaine blanche ou le grès à
couverte céladon pour leur couleur pure et élégante due à
leur simplicité et à leur homogénéité, alors que les Perses
apprécient beaucoup le décor bleu foncé et clair réalisé avec
du bleu de cobalt par les peintres chinois de céramique de
la dynastie Yuan (1279-1368). Nous trouvons ainsi de nombreux
chefs-d’oeuvre bleu et blanc des Yuan conservés en
Turquie et dans les pays voisins. Ces pièces sont exportées
notamment par les caravanes de la Route de la soie.
Le goût des Chinois changeant au fil du temps, la porcelaine
à décor bleu et blanc commence à être appréciée
également en Chine. Sous la dynastie Ming (1368-1644),
l’élargissement du champ culturel entraîne un développement
de formes de littérature plus populaires, comme le
roman et le théâtre. Cela conduit à une production de
porcelaine décorée représentant des scènes narratives. Le
décor bleu et blanc est alors employé non seulement pour
des sujets populaires, mais aussi pour la littérature classique
des lettrés. Le décor est dessiné directement sur le corps
séché de la porcelaine et il est aussitôt absorbé. Cette technique
permet d’obtenir les mêmes effets que la peinture
au lavis des lettrés, avec ses clairs-obscurs et ses gradations.
Appréciée par les lettrés comme par le peuple, la
porcelaine à décor bleu et blanc se développe désormais
à Jingdezhen, la capitale de céramique chinoise.
Ce bassin à poisson à décor bleu et blanc du XVIIIe siècle
se distingue par sa couleur bleu de cobalt. La qualité de sa
porcelaine confirme qu’il s’agit d’une production de
Jingdezhen. Le paysage montagneux avec les personnages
est typique de l’époque de Kangxi (1662-1722). Le soin
apporté aux motifs, avec les effets de clair-obscur et de gradation
rappelant la technique du lavis, témoigne de l’habilité
des peintres de céramique de Jingdezhen à cette époque.
La scène illustre un épisode d’histoire ancienne, probablement
celle de Jiang Taigong, le grand-duc de Jiang, un
sage ermite. Selon la légende, le futur roi Wen de la dynastie
Zhou (XIe au IIIe siècle av. notre ère) rencontre Jiang Taigong
en train de pêcher dans une rivière et, après une discussion
ordinaire, reconnaît sa vertu. Peu après, le roi, accompagné
d’une nombreuse escorte, va jusqu’à la montagne où loge
l’ermite pour convaincre Jiang d’entrer à son service. Sujet
apprécié des lettrés, cette histoire est souvent reprise par les
peintres lettrés, ainsi que par les peintres de céramique.
À cette scène principale, s’ajoutent des motifs végétaux
purement décoratifs. Ceux-ci, très chargés, sont plus élaborés,
moins spontanés que d’autres bleu et blanc du
XVIIIe siècle. Toutefois, le corps raffiné de la porcelaine blanche
et la subtilité du dessin attestent que ce bassin est bien une
production de Jingdezhen, sous la dynastie Qing, probablement
à l’époque de Kangxi ou de Qianlong (1736-1795).
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