Francisco de Zurbarán

Né à Fuente de Cantos en 1598 et mort à Madrid en 1664, Zurbarán est, avec Velasquez dont il fut contemporain, le plus important des peintres espagnols du XVIIe siècle.

Contrairement à son compatriote qui fait sa carrière à Madrid, Zurbarán reste à Séville, une ville de province mais un centre économique et culturel qui accueille un très grand nombre d'ordres monastiques et de congrégations religieuses. Une atmosphère d'intense spiritualité imprègne l'Espagne du Siècle d'Or et Zurbarán est très tôt sollicité. Après ses premiers succès à la fin des années 1620, il devient l'interprète privilégié de cette ferveur religieuse qu'il sait si bien traduire dans son œuvre.

Son chef-d’œuvre, réalisé entre 1637 et 1639 pour la Chartreuse de Nuestra Senora de la Defension à Jerez de la Frontera dans la province de Cadix, était un retable monumental associant ornements en bois et stuc dorés, sculptures et  douze peintures sur toile. Démembré au début du XIXe siècle, il connut alors bien des vicissitudes avant que quatre toiles, parmi celles qui le composaient, soient  acquises chez un marchand expert à Paris en 1901 par le général de Beylié, et offertes aussitôt au musée de Grenoble. Elle sont aujourd’hui l’un des plus importants ensembles de peinture espagnole conservé dans un musée français.

Leur iconographie illustre l’Enfance du Christ.

Un essai convaincant de reconstitution a été fait en 1987 - 1988 lors de l'exposition Zurbarán au Metropolitan Museum de New-York et au Grand Palais à Paris.

  • L'Annonciation

    Médium :
    Auteur : Francisco de ZURBARAN
    Date : 1638 - 1639
    Dimension : 266 x 184,5 cm
    Crédit : Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. LacroixDomaine public
    Acquisition : Don de Léon de Beylié en 1901
    Localisation : SA08 - Salle 08

    Détails

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    Cette Annonciation est la première dans l’œuvre de Zurbarán. Agenouillés, les yeux baissés vers le sol, Marie et l’ange Gabriel sont représentés dans un espace ouvrant sur l’extérieur.

    Derrière eux, une puissante colonne unit la terre et le ciel, où une gloire d'angelots entoure la colombe du Saint Esprit dans une lumière dorée.

    La valeur symbolique des natures mortes (le lys, le linge blanc dans une corbeille et le livre), s'accompagne d'une aura méditative soulignée par l'attitude grave et recueillie des personnages. La couleur modulée par la lumière donne un relief puissant aux éléments du registre inférieur. Le traitement du registre céleste, d'une facture proche du "sfumato" , témoigne de la disponibilité de Zurbarán aux influences italianisantes.

  • L'Adoration des Bergers

    Médium :
    Auteur : Francisco de ZURBARAN
    Date : 1638
    Dimension : 266 x 185 cm
    Crédit : Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. LacroixDomaine public
    Acquisition : Don de Léon de Beylié en 1901
    Localisation : SA08 - Salle 08

    Détails

    Zurbarán unit dans une même représentation la Nativité, l'Adoration des bergers et un concert céleste. Comme pour l'Annonciation, la présence d'un ciel peuplé de chérubins sur fond doré affirme le caractère sacré de l'événement. Le corps nu de l'enfant se détache sur la blancheur éclatante du linge soulevé par Marie, préfiguration du linceul. Autour de lui, les bergers disposés en demi-cercle forment un groupe compact, fortement individualisés par leurs attitudes et leur physionomie. La diversité des expressions fait de cette scène une œuvre exemplaire de l'irréprochable ferveur religieuse de Zurbarán.

    Les objets quotidiens amenés en offrande sont prétexte à une démonstration de virtuosité picturale et également porteurs de messages symboliques.

  • L'Adoration des Mages

    Médium :
    Auteur : Francisco de ZURBARAN
    Date : 1638 - 1639
    Dimension : 263,5 x 175 cm
    Crédit : Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. LacroixDomaine public
    Acquisition : Don de Léon de Beylié en 1901
    Localisation : SA08 - Salle 08

    Détails

    Cette scène respecte le schéma général des nombreuses Adoration des mages de la première moitié du XVIIe siècle espagnol. Elle est structurée par une diagonale séparant le premier plan, où le vieux roi vénère l’Enfant assis sur les genoux de sa mère, du second plan qu’occupent les deux autres rois et leur suite. Zurbarán a varié leurs expressions, la gravité de Balthazar répondant à la noblesse de Gaspard, tandis que Melchior s'abîme en dévotion. La magnificence des costumes exotiques révèle l’importance des visiteurs : le corps de Melchior disparaît presque entièrement sous le ruissellement doré de son manteau de brocart. Le lilas délicat des vêtements de Marie et de Balthazar tempère cette rutilance colorée.

  • La Circoncision

    Médium :
    Auteur : Francisco de ZURBARAN
    Date : 1638 - 1639
    Dimension : 263 x 175 cm
    Crédit : Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. LacroixDomaine public
    Acquisition : Don de Léon de Beylié en 1901
    Localisation : SA08 - Salle 08

    Détails

    Quatrième et dernier tableau consacré à l‘Enfance du Christ, La Circoncision est moins fréquemment représentée, souvent considérée comme une préfiguration du baptême.

    Le corps nu de Jésus est placé au milieu du tableau. Entouré d'un groupe de personnages disposés en frise, il concentre toute l'attention. La colonne massive qui couronne l’assemblée joue un double rôle, symbolique et plastique.

    Le jeune page placé au premier plan invite le spectateur à participer à la scène. L'aiguière qu’il porte témoigne de l’habileté de l’artiste à évoquer de façon saisissante un objet précieux autant que d’humbles poteries. En arrière plan le portique vivement éclairé évoque les patios de la Renaissance sévillane classique, possible référence à la naissance d’un Monde Nouveau.